Renforcer l'autonomisation des femmes
Tous les membres d’un ménage n’ont pas nécessairement le même accès aux ressources productives et aux revenus, ni les mêmes niveaux d’utilisation. Les principales inégalités se rencontrent en fonction du genre et de l’âge. Des études démontrent que dans de nombreux cas, renforcer le rôle des femmes est la mesure la plus effective pour améliorer la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (SAN) au sein des familles. Les femmes jouent donc un rôle décisif dans la sécurité alimentaire, la diversité de l’alimentation et la santé des enfants. Renforcer le rôle des femmes passe aussi par un processus d’autonomisation qui, en règle générale, couvre les domaines économique, socio-culturel, légal, politique et psychologique.
Cette autonomisation économique des femmes doit être soutenue par un large spectre de droits individuels et collectifs. Trop souvent encore, des normes sociales, des cultures de discrimination, des lois inéquitables, des structures de pouvoir et les divisions du travail - tant à l’intérieur qu'à l'extérieur de la maison - ont avoir un impact significatif sur la position économique des femmes, leur autonomie et sur la valeur de leur estime de soi. Tandis que l'égalité des sexes et l’autonomisation des femmes sont reconnus comme un des prérequis principaux pour réaliser l’Agenda post 2015 dans les pays les moins avancés (PMA), le progrès sur ce front demeurent faibles et il s’agit probablement de l’objectif de développement le plus difficile à atteindre. Le programme F4F priorise les investissements catalyseurs pour l’autonomisation des femmes. L’objectif est de renforcer leur autonomisation par des combinaisons de projets spécifiques ou de composantes. L’approche dépend de la nature des activités qui peuvent être mises en œuvre dans chaque pays participant. Aux investissements pour la formation des organisations féminines et le renforcement des capacités, s’ajoutent toutes les actions de type plaidoyer et les cadres règlementaires qui appuient la participation sociale et politique des femmes au niveau local. La structuration des femmes à la base sert de moteur à un vrai processus de transformation. Il y a donc une interaction constante entre les projets et le processus de participation à la prise de décision et à la gouvernance locale. |
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Du manioc à revendre
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5 stratégies pour renforcer le rôle des femmes dans la SAN
Améliorer les droits légaux des femmes
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L’accès au foncier est la possibilité d’accéder physiquement à la terre et de l’utiliser : les femmes et les jeunes peuvent disposer de lopins de terres de la part du dépositaire du capital foncier de la famille. Dans de nombreux cas cependant, cet accès n’est pas assorti de droits sécurisés sur la terre, et les femmes ou les jeunes n’ont aucune maitrise ou pouvoir de contrôle. Pour avoir une autonomie productive, il est nécessaire d’accéder à la sécurité foncière. D’une manière générale, les femmes détiennent plutôt des droits secondaires ou « délégués » et leur accès aux terres est généralement arbitré par les hommes. Les collectivités locales ont des prérogatives de plus en plus importantes en la matière et peuvent, par exemple, veiller à ce que les instances locales de gestion foncière et de résolution de conflits intègrent la problématique des femmes. |
Renforcer le rôle des femmes dans la production d’aliments
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Les femmes rencontrent souvent plus de difficultés que les hommes pour accéder au crédit, aux intrants agricoles, et pour recevoir un appui conseil approprié. Des recherches montrent qu’en moyenne les hommes obtiennent 25% plus de rendement agricole que les femmes. Les raisons sont simples: elles ont accès à moins d’intrants agricoles, leurs champs perdent plus vite leur fertilité, elles ont moins d’accès aux services d’appui-conseil. Les femmes ont tendance à initier des activités productives de type collectif (périmètres irrigués, jardins collectifs) ; ces approches peuvent être appropriées, car elles sont la meilleure forme pour elles d’accéder à une production autonome. Il est donc très important de mettre sur place des stratégies pour apporter les réponses aux besoins d’intensification agricole spécifique des femmes, que ce soit des chefs de foyer, ou celles qui travaillent sur des parcelles au sein du groupe familial. Une autre stratégie est l’appui à la transformation des produits agricoles. Les femmes jouent un rôle moteur dans la transformation des produits agricoles locaux. La transformation étant liée à la commercialisation, ces initiatives participent à la création de revenus pour les femmes et par ricochet à l’amélioration des conditions de vie des ménages, notamment en milieu rural.
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Améliorer l’accès et le contrôle des femmes sur la gestion des revenus
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En accédant à de nouvelles et meilleures sources d’emploi ou revenu, les femmes peuvent mieux contribuer à l’accès alimentaire de la famille. La division traditionnelle du travail confère aux femmes nombre d’activités agricoles ou non agricoles, comme la transformation des aliments, l’artisanat ou le commerce de détail qui permettent à beaucoup d’entre elles de devenir de véritables entrepreneurs autonomes de l’unité familiale et où elles peuvent accumuler des patrimoines dont l’importance varie selon les milieux. Au plan culturel, il est nécessaire d’encourager les communautés à engager tous leurs membres dans les décisions et actions du développement. Les programmes de promotion de l’entreprenariat féminin ont un rôle important à jouer dans ce domaine. Les contraintes économiques, outre celles qu’affronte toute micro-entreprise, sont compliquées par les difficultés spécifiques qui affectent les femmes surtout en milieu rural: niveaux d’éducation formelle plus limités, difficultés éventuelles d’accéder aux crédits et aux réseaux de commercialisation, etc. |
Réduire et mieux équilibrer la charge de travail
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La charge de travail des femmes au sein du ménage est souvent disproportionnée et ne leur laisse guère de temps pour la production, la génération de revenus et le bien-être. La charge de travail des femmes est caractérisée par une accumulation de tâches répétitives, souvent lourdes et qui occupent une grande partie du temps disponible. La disponibilité de temps des femmes a un impact direct sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle, et sur la capacité de capitaliser les ressources. L’introduction de la question de la charge de travail des femmes dans les projets d’appui à la production et transformation d’aliments, et dans les programmes d’infrastructures sanitaires peut orienter les choix d’interventions et la sélection des technologies. |
Renforcer la participation sociale des femmes
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Une meilleure contribution des femmes à la sécurité alimentaire passe par un renforcement du rôle social, la participation active dans les espaces de concertation, et dans les mécanismes de gouvernance.
L’organisation des femmes au niveau local est un élément essentiel pour atteindre les objectifs d’autonomisation. Cette organisation est généralement conçue à deux niveaux: organisations autonomes des femmes et participation des femmes dans les instances villageoises et de gouvernance locale. Dans la pratique, la plupart des groupements féminins jouent un rôle important dans la SAN. L’organisation autonome est aussi un tremplin pour augmenter la participation des femmes au processus de décision locale comme un des éléments clés d’une gouvernance locale démocratique. Promouvoir des rôles de leadership pour les femmes au sein des groupements locaux, à la lumière des normes sociales et culturelles, peut passer par des groupes uniquement féminins de sorte que les femmes peuvent être élues comme leaders et prendre toutes des décisions les concernant. |